N°4. Ce qui nous regarde dans l'ombre

Il y a dans l’horreur une étrange familiarité.
Elle nous dégoûte, nous happe, nous paralyse, mais elle ne nous est jamais tout à fait étrangère. Elle rôde dans les marges du quotidien, dans un reflet flou, un clignement trop long, un interstice mal éclairé. Elle n’est pas qu’un genre cinématographique ou un effet de style : elle est un langage. Une grammaire sensorielle. Une architecture mentale.
Dans ce quatrième numéro de 25, nous nous immergeons dans ce territoire trouble, celui où le design, l’art et l’imaginaire flirtent avec le malaise. Nous suivons les lignes cassées d’une typographie menaçante, les angles ascérés du brutalisme, les silhouettes floues d’interfaces qui stressent à dessein. Nous écoutons les messages sourds de campagnes de prévention où la peur devient outil de mémoire. Nous observons les corps difformes du body horror, entre révolte et libération.
Car l’horreur, loin de se réduire à l’effroi, est aussi un révélateur. Elle nous montre ce que nous refusons de voir. Elle nous parle de contrôle, de normes, de limites. Et de ce qui déborde. Elle est l’espace où l’image, le son, la lettre, l’interface, cessent d’être neutres pour devenir charges symboliques.
Ce numéro est une traversée. Non pas pour glorifier la peur, mais pour l’écouter. Pour comprendre comment le design peut la construire, ou la déconstruire. Et peut-être, en creux, découvrir ce que nos formes les plus sombres disent de nos désirs les plus enfouis.
Bienvenue dans l’ombre.
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