N°6. Présences cachées

Il arrive qu’un visage trop visible se transforme en masque, qu’une image trop saturée se dissolve, qu’un texte trop lisible perde sa voix. La dissimulation n’est pas l’absence, elle est une autre manière de se montrer.

Dans ce numéro, nous observons les multiples visages de cet art discret. Chez Sartre, le serveur de café joue son rôle au point de devenir son rôle, révélant combien nos identités sociales sont faites de gestes répétés et de voix modulées. Avec Thandiwe Muriu, la photographie sature de couleurs pour mieux dire l’effacement, transformant le camouflage en cri d’existence.

Le trompe-l’œil et le surréalisme rappellent que toute image est un piège pour l’œil : elle montre autant qu’elle cache, elle dérègle la perception pour atteindre l’imaginaire. Enfin, l’écriture se fait jeu d’ombres : porte-plumes, pseudonymes, cadavres exquis, autant de manières de disparaître pour mieux laisser circuler les voix.

Dissimuler, ici, ne signifie pas fuir. C’est déplacer, filtrer, détourner. C’est jouer avec les seuils entre présence et absence, entre vérité et illusion. Dans les plis du visible et du lisible, quelque chose surgit, qui échappe au contrôle et ouvre d’autres possibles.

Bienvenue dans les marges de l’invisible.

Numéro 6 : Présences cachées